Ni cigale ni fourmi – A propos de culture

They throw you a line
Let me see it you catch it
And they’ll give you some time, sure
If you got something to match it
Just as long as you know
Who is running that show, oooohhhh

Popular Culture, dEUS, Vantage Point, 2008

Les réactions à la note culturelle de la ministre de la culture Flamande Schauvlieghe sont modérées. C’est plutôt inattendu. Beaucoup d’acteurs de terrain se préparaient déjà à la confrontation. Les économies ne sont pas plus importantes que ce que l’on pouvait craindre, seuls quelques légers glissements ont été opérés. Ce que le monde culturel peut accepter au prix de quelques efforts. La seule véritable critique formulée est la suivante : ‘Il aurait fallu libérer plus de moyens pour la culture’. Nous voilà rassurés: la tradition est sauve. Lisez toutes les réactions concernant tous les budgets culturels depuis la nuit des temps et vous verrez qu’il aurait toujours fallu un peu plus de moyens. Patrick Dewael demande carrément d’importants investissements. Au-delà de la question de savoir si son parti partage son opinion, il faut selon moi d’abord examiner un autre aspect: quelles formes de culture le gouvernement flamand doit-il subventionner en priorité?
En effet, aucune priorité n’a été définie, ni par les mesures d’économie, ni dans la note culturelle. Et cette critique vaut aussi pour Dewael, Van der Bremt et tutti quanti.
La cigale économe des fables de La Fontaine est une belle métaphore. Mais elle occulte uniquement le fait qu’il s’agit d’économies linéaires. On donne un peu moins à tout le monde, ce qui écourte les conseils des ministres de plusieurs heures, voire de plusieurs jours. Il n’y a ni gagnants ni perdants sur les bancs ministériels. Mais la communauté y gagne-t-elle quelque chose? Je suis sûr que non. Les économies linéaires n’ont d’économies que le nom. On réduit un peu l’entretien partout et après quelques années, les poteaux d’éclairage tombent comme des cyclistes amateurs sur la côte de la Haute-Levée. Le calcul est vite fait. Reste à savoir si le citoyen en sort gagnant.
Mais surtout, les économies linéaires sont le propre des politiques qui n’osent pas trancher. Qu’est-ce qui est important et qu’est-ce qui l’est moins? Je le reconnais volontiers: la tâche n’est pas aisée. Pour commencer, les partis réunis autour de la table du conseil des ministres sont nombreux. Lorsque vous prenez de véritables décisions, trop de personnes concernées se mettent à crier au scandale et les médias vous pourchassent jusqu’aux ascenseurs pour vous harceler de questions envahissantes. Et on n’a pas du tout envie de toujours jouer le rôle du méchant. Résultat: on se résigne à utiliser les grands moyens et on est heureux de jouer la cigale et d’appliquer des économies linéaires. Et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le secteur râle un peu, mais il est content que les restrictions sont minimes. Seuls ceux qui étaient toujours sur la corde raide seront désespérés. Leur voix sera noyée dans le brouhaha du paisible management des grandes institutions culturelles.
Le credo « Plus de moyens pour la culture » est l’antithèse parfaite de la cigale. Au lieu d’économiser partout en retirant un peu de moyens à chacun, tout le monde en reçoit un peu plus. La cigale avare est remplacée par la fourmi dépensière. Cette méthode trahit également une gestion peu audacieuse. Du style: ne fâcher personne en donnant beaucoup plus de moyens à d’autres.
Prenons un exemple concret. Depuis quelques semaines, je suis membre du conseil d’administration du Ballet de Flandre. Cette compagnie a mis fin à une période de gestion peu efficace, mais elle subit encore les conséquences fâcheuses de cette période. Les économies linéaires tombent toujours mal mais, dans ce cas précis, leurs effets sont tout bonnement catastrophiques. On attend du ballet qu’il brille internationalement par son excellence alors que ses subsides sont limités. On attend un menu de restaurant trois étoiles avec un budget de friterie. Si les économies linéaires sont une catastrophe, les largesses excessives ne sont pas la solution non plus. La question est de savoir si la Flandre veut conserver un ballet. Souhaite-t-elle offrir à la foule grandissante d’intéressés en Flandre des représentations de ballet de haut niveau et souhaite-t-elle convaincre le reste du monde que la Flandre peut, elle aussi, engendrer l’excellence? VIA (la Flandre en action) est-elle aussi de la culture? Ou les autorités flamandes estiment-elles que ce n’est pas nécessaire? Au risque de surprendre le lecteur: je pourrais comprendre que l’on décide de ne pas poursuivre dans cette voie, car le ballet classique de qualité est onéreux et, par conséquent, il faut l’évaluer à la lumière de sa valeur culturelle et diplomatique. Et il faut se demander s’il ne serait pas préférable de consacrer ces moyens financiers, par exemple, à la danse moderne ou au soutien aux jeunes écrivains. Mais on peut tout aussi bien décider que le ballet vaut l’investissement, ce dont je suis évidemment convaincu, et d’autres subsides devront alors être réduits ou supprimés. Quoi qu’il en soit, une décision est prise. Les économies linéaires et la générosité excessive ne sont pas des décisions, mais une fuite.
Ministres de tous les gouvernements, présents et – espérons-le – à venir, délivrez-nous de la non-politique.

Vertaling van de blog “Noch de kaasschaaf noch de roomspuit – Over cultuur”
http://tinyurl.com/64nw3jr

Over Frank Van Massenhove

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